Treize

« Charlie Grogan a appelé, annonça Sue Sampel lorsque Ray traversa son bureau pour accéder au sien. Ainsi que Dajit Gill, Julie Sook et deux autres directeurs de département. Oh, vous avez rendez-vous avec Ari Weingart à 10 heures, avec Shulgin à 11, puis…

— Transmettez-moi l’agenda, dit Ray. Ainsi que tous les messages urgents. Ne me passez aucun appel. » Il disparut dans le sanctum sanctorum dont il ferma la porte.

Béni soit le silence, se dit Sue. Il vaut mieux que la voix de Ray Scutter.

 

Sue avait laissé une tasse de café brûlant sur son bureau, hommage à sa ponctualité. Très bien, pensa Ray. Mais une journée difficile l’attendait. Depuis le départ en pèlerinage du Sujet, la semaine précédente, les comités d’interprétation nageaient dans l’hystérie. Même les astrozoologistes n’étaient pas d’accord entre eux : certains voulaient rester focalisés sur Homardville en suivant un Sujet plus représentatif, d’autres (dont Marguerite) s’affirmaient convaincus que le comportement du Sujet était significatif et qu’il fallait le suivre jusqu’au bout. Les gens de Technologie et Artefacts craignaient de perdre leur contexte urbain, mais les astrogéologues et climatologues se réjouissaient de la perspective d’un long détour dans les déserts et les montagnes. Les comités se disputaient comme des chiffonniers, et l’absence des maîtres de recherche et de communication avec Washington les privait de moyen évident de résoudre le conflit.

Tous ces gens finiraient par se tourner vers Ray pour lui demander conseil. Mais celui-ci ne voulait pas assumer cette responsabilité sans de nombreuses délibérations. Quelle que soit la décision qu’il prendrait, il aurait tôt ou tard à la défendre. Il voulait que cette défense soit irréfutable. Il avait besoin de pouvoir citer des noms et des documents, et tant pis si certains des plus exaltés parmi les partisans des comités pensaient qu’il « éludait le problème » – et il avait déjà entendu circuler cette critique. Il leur avait demandé à tous de préparer des exposés de principe.

Mieux valait commencer la journée dans de bonnes dispositions. Il déplia une serviette en papier et déverrouilla le tiroir inférieur de son bureau.

Depuis le début du blocus, Ray gardait une réserve de DingDong sous clé dans son tiroir. Cela le gênait de l’admettre, mais il se trouvait qu’il appréciait la pâtisserie industrielle et plus particulièrement les DingDong avec son café du matin, et il se passait volontiers, merci bien, des inévitables commentaires des petits malins sur le polysorbate 80 et les « calories vides ». Il aimait ôter l’emballage de papier craquant, il aimait l’odeur de sucre et de maïzena qui s’en dégageait, il aimait la texture visqueuse du gâteau et la manière dont le café brûlant lui détachait du palais l’arrière-goût un peu chimique.

Mais les DingDong ne figuraient pas dans les livraisons hebdomadaires du camion noir. Ray s’était montré assez astucieux pour racheter les derniers stocks de l’épicerie locale et de la supérette installée dans l’entrée de Hubble Plaza. Il avait commencé avec deux cartons, mais ceux-ci n’avaient pas duré bien longtemps. Pour autant qu’il pouvait le dire, son tiroir contenait les six derniers DingDong de tout Blind Lake. Après ça, fini. Le manque. De toute évidence, il n’en mourrait pas. Mais cela le contrariait beaucoup de devoir se priver à cause de cette merde bureaucratique, de cet interminable blocus silencieux.

Il sortit un DingDong de son tiroir. Un de moins, ce qui en laissait cinq, l’équivalent d’une semaine au boulot.

Mais il ne voyait plus que quatre paquets dans l’ombre.

Quatre. Il recompta. Quatre. Il passa la main dans tout le tiroir. Quatre.

Il aurait dû y en avoir cinq. Avait-il mal calculé ?

Impossible. Il avait enregistré le décompte dans son journal tous les soirs.

Il resta immobile le temps de traiter cette information fâcheuse, de laisser se développer une colère substantielle et justifiée. Puis il sonna Sue Sampel à qui il demanda de venir.

« Sue, dit-il lorsqu’elle apparut sur le seuil. Auriez-vous une clé de mes tiroirs, par hasard ?

— De vos tiroirs ? » Soit elle était surprise, soit elle le feignait de manière très plausible. « Non, pas du tout.

— Parce qu’à mon arrivée, les gens du support m’ont dit que j’avais la seule et unique clé.

— Vous l’avez perdue ? Ils doivent avoir un passe quelque part. Ou ils peuvent remplacer les serrures, j’imagine.

— Non, je ne l’ai pas perdue. » Le ton de sa voix la fit reculer. « J’ai même la clé sur moi. Mais on a volé quelque chose.

— Volé ? Qu’est-ce qui a été volé ?

— Ce qui a été volé n’a aucune importance. Rien d’essentiel, en l’occurrence. L’important, c’est que quelqu’un a accédé à mon bureau à mon insu. J’espère que même vous, vous êtes capable de voir ce que cela signifie. »

Elle jeta un coup d’œil sur son bureau. Ray réalisa, trop tard, qu’il avait laissé son DingDong du matin encore emballé à côté de sa tasse de café. Elle regarda le gâteau, puis Ray, avec une expression vous voulez plaisanter. Il sentit le sang lui affluer aux joues.

« Vous devriez peut-être en parler au personnel de nettoyage », dit Sue.

Tout ce qu’il voulait maintenant, c’était qu’elle disparaisse. « Bon, eh bien, j’imagine que ce n’est pas grave… Je n’aurais pas dû en parler.

— Ou à la Sécurité. Vous avez rendez-vous avec Shulgin en fin de matinée. »

Dissimulait-elle un sourire ? Se permettait-elle de se moquer de lui ? « Merci, fit-il avec raideur.

— Autre chose ?

— Non. » Casse-toi. « Merci de fermer la porte. »

Elle la referma doucement. Ray imagina entendre son rire qui flottait derrière elle comme un ruban rouge vif.

 

Ray considérait qu’il avait le sens des réalités. Il savait que quiconque cherchant à salir sa réputation (et ses ennemis étaient légion) pourrait qualifier de misogyne une partie de son comportement. Il ne haïssait pourtant pas les femmes. Bien au contraire : il leur donnait toutes les chances de se racheter. Le problème n’était pas qu’il haïssait les femmes mais qu’elles n’arrêtaient pas de le décevoir. Prenez Marguerite, par exemple. (Encore Marguerite, toujours Marguerite…)

Ari Weingart se présenta à 10 heures avec une série de propositions visant à améliorer le moral de la communauté. Cayti Lane, du département des RP, voulait mettre en place et animer un circuit vidéo local pour les nouvelles et les événements – Télé Blind Lake, en fait. « L’idée me parait bonne, dit Ari. Cayti est intelligente et photogénique, j’ai aussi dans l’idée de regrouper, pour les rediffuser, les téléchargements individuels que les gens ont gardé dans leurs serveurs domestiques. Une télé à programmes et horaires fixes, très XXe siècle, mais ça peut aider à tenir. Au moins, ça donnera aux gens un sujet de conversation à la pause-café. »

Parfait, tout cela était parfait. Ari proposa ensuite une série de débats et de conférences les samedis soirs au centre communautaire. Parfait aussi. Ari essayait de reconfigurer le siège en fête paroissiale. Libre à lui, pensa Ray. Libre à lui de distraire les détenus pleurnicheurs avec des numéros de cirque. Mais tout cet enthousiasme finissait par le fatiguer, et il fut soulagé lorsque enfin Ari remballa son sourire et quitta le bureau.

Ray recompta ses DingDong.

Bien entendu, Sue avait pu accéder à son tiroir. Aucun signe ne laissait penser qu’on en avait crocheté le mécanisme – peut-être Ray avait-il négligé de verrouiller le tiroir, faute d’inattention dont Sue aurait alors tiré avantage. Sue travaillait souvent plus tard que Ray, surtout quand Tess habitait chez lui : à l’opposé de Marguerite, il n’aimait pas laisser sa fille seule à la maison après l’école. Sue est en tête de ma liste de suspects, décida Ray, même si le personnel de nettoyage n’est pas au-dessus de tout soupçon.

Il trouvait plus facile de traiter avec les hommes qu’avec les femmes. Il suffisait d’aboyer assez fort pour en imposer à un homme. Une femme était plus rusée, selon Ray, ouvertement accommodante mais facile à subvertir. D’une loyauté qui restait provisoire et changeait trop vite. (Marguerite, par exemple…)

Au moins, Tess ne deviendrait pas une femme de ce genre.

Dimi Shulgin se présenta à 11 heures, pimpant dans son costume gris sur mesure, fournissant une distraction bienvenue malgré le lot de nouvelles de mauvais augure qu’il apportait. Shulgin avait maîtrisé l’art de l’impénétrabilité balte : son visage pâteux resta impassible tandis qu’il décrivait l’humeur générale des journaliers et du personnel salarié. « Pour l’instant, ils subissent cette quarantaine sans vraiment poser de problèmes, a priori à cause de ce qui est arrivé à ce pauvre M. Krafft quand il a franchi la clôture, dit Shulgin. C’était une bonne chose, en fin de compte, selon moi. Cela a suffisamment effrayé les gens pour qu’ils se résignent. Mais le mécontentement est en hausse. Le personnel temporaire et technique est cinq fois plus nombreux que les scientifiques et les cadres, vous savez. Beaucoup d’entre eux demandent à avoir voix au chapitre pour les décisions, et plus d’un voudrait arrêter l’Œil pour voir ce que cela donne.

— Tout ça, c’est du vent, décréta Ray.

— Pour l’instant. Mais à long terme… si le blocus se poursuit… qui sait ?

— Il faudrait qu’on nous voie agir de manière positive.

— L’apparence de l’action pourrait aider », dit Shulgin en cachant avec prudence son éventuelle ironie sous son épais accent.

« Vous savez que quelqu’un a forcé les tiroirs de mon bureau, il y a peu ?

— Vos tiroirs ? » Shulgin haussa ses sourcils en chenille. « Forcés ? Vandalisme, vol ? »

Ray agita la main en un geste qu’il imaginait magnanime. « Rien de grave, sans doute simple vandalisme d’un employé indélicat, mais ça m’a fait réfléchir. Si on lançait une enquête ?

— Sur ce vandalisme ?

— Non, pour l’amour du ciel. Sur le blocus.

— Une enquête ? Comment ? Toutes les preuves sont de l’autre côté de la clôture.

— Pas forcément.

— Vous pouvez m’expliquer ?

— Selon certains, on doit ce blocus à quelque chose qui s’est passé à Crossbank, quelque chose de dangereux, qui a un rapport avec leurs O/BEC et qui pourrait bien se produire ici aussi.

— Oui, d’où le nombre croissant de personnes qui réclament qu’on éteigne nos processeurs, mais…

— Oubliez un peu les O/BEC. Pensez à Crossbank. S’il y avait eu un problème là-bas, on en aurait entendu parler, non ? »

Shulgin réfléchit. Il se frotta le nez. « Peut-être. Mais pas forcément. Tous les administrateurs hors cadre étaient à Cancun quand on s’est retrouvés en quarantaine. Ils auraient été les premiers informés.

— Oui, dit Ray en poussant peu à peu l’idée vers sa conclusion, mais peut-être que les messages se sont empilés sur leurs serveurs personnels avant que la quarantaine entre en vigueur.

— Tout ce qu’il y a d’urgent leur aurait été retransmis…

— Mais il en resterait des copies dans les serveurs de Blind Lake, pas vrai ?

— Eh bien… sans doute. À moins que quelqu’un n’ait pris la peine de les effacer. Mais on ne peut pas s’introduire dans les serveurs personnels de la direction.

— Ah bon ? »

Shulgin haussa les épaules. « J’aurais cru.

— Dans des circonstances ordinaires, la question ne se poserait même pas. Mais les circonstances sont loin d’être ordinaires.

— S’introduire dans les serveurs et lire leur courrier. Intéressant, en effet.

— Et si on trouve quoi que ce soit d’utile, on l’annonce au cours d’une réunion générale.

— S’il y a bien des résultats. Autres que des messages vocaux de leurs femmes et leurs maîtresses. Dois-je en parler à mon équipe, lui demander de déterminer quelle difficulté cela pose de s’introduire dans nos serveurs ?

— Oui, Dimi. Parlez-en à votre équipe. »

Plus il y pensait, plus l’idée le séduisait. Il alla déjeuner l’esprit presque joyeux.

 

Ray changeait toutefois vite d’humeur, et lorsqu’il quitta Hubble Plaza à la fin de la journée, il se sentait à nouveau revêche. L’histoire du DingDong. Sue en avait sans doute parlé avec ses amies à la cafétéria du personnel. Chaque nouvelle journée valait à Ray une nouvelle humiliation. Il aimait avoir des DingDong au petit déjeuner, bordel, qu’est-ce qu’il y avait de si drôle, de si comiquement aberrant à cela ? Les gens sont cons, décida Ray.

Il conduisit avec prudence dans les rafales de neige dure, s’efforçant sans y parvenir de ne pas avoir un seul feu rouge sur la grande rue.

Les gens étaient cons, ce qui échappait toujours aux théoriciens de l’exoculture, aux petits optimistes aveugles de bas étage comme Marguerite. Un monde plein de cons ne leur suffisait pas. Ils en voulaient davantage. Tout un univers de connards. Un cosmos organique luisant de rosé, un miroir magique sur lequel rayonnait un visage heureux.

Le crépuscule tomba tel un rideau autour de la voiture. Comme le monde serait plus propre, se dit Ray, s’il ne contenait que des gaz, de la poussière et une étoile brillante ici ou là – froide mais virginale, comme la neige enveloppant les quelques hautes tours de Blind Lake. En réalité, Homardville leur avait enseigné quelque chose de politiquement incorrect : le fait indéniable mais inavouable que la (soi-disant) conscience n’était qu’une irrationalité pourvue d’un but, une suite de comportements déterminée par l’ADN pour produire davantage d’ADN, vide de toute autre logique que celle, déchaînée, des mathématiques de l’autoreproduction. Du chaos avec remontée d’information,  z2 + c répété aveuglément jusqu’à ce que l’univers se soit dévoré et excrété lui-même.

Moi y compris, songea Ray. Mieux valait ne pas se voiler la face devant l’amère vérité. Tout ce qu’il aimait (sa fille) ou pensait avoir aimé (Marguerite) ne représentait guère que sa participation à cette équation, n’avait ni plus ni moins de sens que le saignement nocturne des aborigènes d’UMa47/E. Marguerite, par exemple : agissant selon des scripts génétiques imparfaits, mère possessive mais incapable, matrice ambulante réclamant l’égalité des droits devant la loi. Comme il pensait encore souvent à elle. Chaque insolence subie par Ray était un miroir de la haine que lui vouait Marguerite.

La porte du garage s’ouvrit en détectant l’arrivée de la voiture. Il se gara sous l’éblouissante lumière du plafonnier.

Il se demanda quel effet cela ferait de se libérer de toutes ces contraintes biologiques et de voir le monde tel qu’il était vraiment. Horrible à nos yeux, pensa-t-il, monotone et impitoyable, mais nos yeux nous mentent, aussi asservis à l’ADN que notre cœur et notre esprit. Peut-être les O/BEC étaient-ils devenus cela : un œil inhumain révélant des vérités que personne n’était prêt à accepter.

Il avait récupéré Tess, cette semaine-là. Il l’appela d’un « Bonjour » en entrant dans la maison. La trouva assise dans le salon à côté du sapin de Noël artificiel, penchée sur ses devoirs comme un gnome studieux. « Salut », dit-elle d’un air absent. Ray s’immobilisa un moment, surpris par l’amour qu’il lui portait, admirant les boucles serrées de ses cheveux bruns sur son crâne. Elle écrivait sur l’écran d’une ardoise électronique qui traduisait ses gribouillages puérils en quelque chose de lisible.

Il se dépouilla de son manteau et de ses couvre-chaussures puis baissa les stores sur l’obscurité neigeuse. « As-tu déjà appelé ta mère biologique ? »

L’accord signé après arbitrage avec Marguerite prévoyait que Tess appelle chaque jour le parent absent. Tess le regarda avec curiosité. « Ma mère biologique ? »

Avait-il dit cela tout haut ? « Ta mère, je veux dire.

— Oui, je l’ai déjà appelée.

— A-t-elle dit quelque chose de troublant ? Tu sais que tu peux m’en parler, si ta mère te pose des problèmes. »

Mal à l’aise, Tess haussa les épaules.

« L’étranger était avec elle quand tu as appelé ? L’homme qui vit au sous-sol ? »

Tess haussa à nouveau les épaules.

« Montre-moi ta main. »

Nul besoin d’être grand clerc pour comprendre que les problèmes de Tess à Crossbank venaient de Marguerite, même si cela avait échappé au médiateur du divorce. Marguerite n’avait cessé d’ignorer sa fille, de se consacrer exclusivement à ses chers paysages marins extraterrestres, et Tess s’était livrée à plusieurs tentatives désespérées pour attirer son attention, tentatives dont la motivation sautait aux yeux. L’étrangère effrayante dans le miroir aurait aussi bien pu être le Sujet de Marguerite : indirect, exigeant et omniprésent.

À contrecœur, baissant la tête de gêne, Tess tendit la main droite. On avait ôté les points de suture la semaine précédente. Les cicatrices disparaîtraient avec le temps, d’après le docteur de la clinique, mais elles semblaient pour l’instant blafardes, de la nouvelle peau rose entre des excroissances agressives à l’emplacement des points. Ray avait déjà pris quelques photos au cas où le problème serait soulevé un jour en cour de justice. Il tint la petite main dans la sienne et s’assura de l’absence de tout signe d’infection. De l’absence de toutes petites vies dévorant celle de la chair de sa fille.

« Qu’est-ce qu’on mange, ce soir ? demanda Tess.

— Du poulet », répondit Ray en la laissant à ses bouquins. Du poulet surgelé dans le congélateur. Il sortit la chair morte de l’oiseau de basse-cour abattu et entreprit de la cuire dans une poêlée d’huile végétale non raffinée. Avec de l’ail, du basilic, du sel et du poivre. L’odeur lui fit venir l’eau à la bouche. Attirée par cette même odeur, Tess entra d’un pas nonchalant pour le regarder cuisiner.

« Cela t’inquiète de retourner chez ta mère demain ? »

Ta mère biologique. La moitié de ton bagage génétique. La moindre moitié, pensa Ray.

« Non ! » dit Tess, presque d’un air de défi. « Pourquoi est-ce que tu n’arrêtes pas de me demander ça ?

— Ah bon ?

— Oui ! Parfois.

— Mais parfois, ce n’est pas tout le temps, si ?

— Non, mais…

— Je veux juste que tout se passe bien pour toi, Tess.

— Je sais. » Vaincue, elle se détourna.

« Tu es heureuse, ici, non ?

— Ça va, ici.

— Parce qu’on ne sait jamais avec maman, pas vrai ? Tu pourrais avoir à venir vivre ici tout le temps, Tess, si quelque chose lui arrivait. »

Tess plissa les yeux. « Qu’est-ce qui lui arriverait ?

— On ne sait jamais », dit Ray.

 

Blind Lake
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